Meurtre de Sarah Halimi le choix de l’irresponsabilité

Le choix de l’irresponsabilité

 

L’assassin de Sarah Halimi ne sera pas jugé. Kobili Traoré a été déclaré pénalement irresponsable par la cour d’appel de Paris le 19 décembre dernier. Par cette étonnante et troublante décision, le droit requis par et pour la justice l’aurait-il dans le même temps, suspendue ?

 

Comment admettre que l’auteur d’un des plus cruels crimes antisémites puisse échapper à un procès ? Nous sommes nombreux à partager la consternation et la colère de tous ceux qui souhaitaient un procès à commencer par les proches de la victime.

Il faut toutefois se garder de remettre en cause le fonctionnement de la justice dans notre pays.

Celui-ci est régi par plusieurs principes et la possibilité de déclarer inapte pénalement une personne dont le discernement aurait été aboli en relève. Il est toujours hasardeux de réclamer à cor et à cri une intervention politique dans un dossier pénal, car la démocratie est liée à la séparation des pouvoirs. De même qu’il y a dans notre pays, et c’est heureux, une prise en compte de la parole d’experts et la possibilité dans le droit de juger différemment non les fait mais les hommes.

Les thèses complotistes qui fleurissent sur le dépit ne rendent service ni à la démocratie ni à la pensée.

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Un climat toxique

 

 

Un climat toxique

 

 “J’imagine qu’une des raisons pour lesquelles les gens s’accrochent à leur haine

avec tellement d’obstination est qu’ils sentent qu’une fois la haine partie,

 ils devront affronter leurs souffrances.”

James Baldwin.

 

 

Quand pendant des années, nous étions quelques-uns à nous inquiéter de l’affranchissement du discours anti juif pointant ici et là les complaisances médiatiques, politiques et intellectuelles avec des Ramadan et des Dieudonné, on nous trouvait suspects, obsédés par l’antisémitisme, judéocentrés etc.

Et pourtant nous savions que les mots n’étaient jamais « innocents ». Nous avions fait de notre effroi face aux catastrophes du 20me siècle, siècle des génocides, des goulags et d’Auschwitz, une vigilance inquiète presqu’insomniaque.

Hélas cette vigilance manqua à l’appel. Et bien des « camarades » nous ont quittés…

Les mots de haine déversés dans les éditos les manifs, les tribunes finirent par autoriser le meurtre.  Les mots s’emparèrent des assassins qui, en tuant, purent dès lors s’en passer…

Des enfants, des jeunes jusqu’aux vieilles dames, la haine antisémite a tué.

Aujourd’hui l’antisémitisme se porte bien. Le racisme aussi. Et la catastrophe identitaire gagne du terrain.

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http://www.cclj.be/actu/politique-societe/parce-qu-prononcer-noms-sont-difficiles

PARCE QU’À PRONONCER VOS NOMS SONT DIFFICILES

Mardi 5 mars 2019 par Brigitte Stora, Journaliste et documentariste
Publié dans Regards n°1039

L’antisémitisme n’a rien de nouveau et c’est bien en cela qu’il est effrayant. Si pendant longtemps nous avons été seuls à repérer cette menace, à sentir cette bascule, cette levée du tabou qui annonçait le pire, cela n’est plus le cas aujourd’hui.

Il faut désormais faire assaut d’un déni particulier pour nier l’évidence : la parole antijuive libérée depuis près de vingt ans s’autorise désormais sans détour ni même l’alibi de la « cause palestinienne ».

On avait commencé sur le diesel et on termine avec les Juifs ! Comme dans la blague, pourquoi les Juifs et pas les coiffeurs. Pierres tombales profanées, jusqu’à l’arrachage de l’arbre planté à la mémoire d’Ilan Halimi, graffitis haineux, mais aussi slogans et banderoles faisant référence à la banque Rothschild, sont devenus hélas quotidiens. Et puis, il y eut les scènes effroyables ; Alain Finkielkraut pris à partie par une meute antisémite, Ingrid Levavasseur, une des porte-parole des Gilets jaunes molestée dans un déferlement de rage misogyne, où soudain le mot « juif » surgit comme l’acmé de la haine.

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Antisémitisme le fantôme jamais congédié

https://www.lignes-de-cretes.org/antisemitisme-le-fantome-jamais-congedie/

Antisémitisme: le fantôme jamais congédié

in Chroniques de la violence brune by

La bête immonde

Contre l’antisémitisme, on peut se tenir bien, comme le chantait Léo Ferré dans les Anarchistes, bras dessus, bras dessous mais jamais joyeux. Seulement debout.

Au début des années 2000, on assistât à une libération de la parole antijuive. A gauche, nous fumes alors peu nombreux à réaliser l’ampleur du désastre à venir. Car les mots, disait Sartre sont des pistolets chargés. Et au bout des mots, il y eut des meurtres.

Aujourd’hui comme pendant la manif Jour de colère de janvier 2014, l’antisémitisme n’a plus d’alibi. “Juifs casse-toi la France n’est pas à toi” criaient alors les adeptes de Soral et Dieudonné dans une triste préfiguration. La cause palestinienne, plus orpheline que jamais, ne sert même plus de paravent à la haine. Cimetières et pierres tombales profanées, graffitis haineux mais aussi slogans et banderoles faisant référence à la banque Rothschild, sont devenus quotidiens. Et puis ces scènes qui suscitent effroi et dégoût mêlés; Finkielkraut pris à partie par une meute pogromiste, Ingrid Levavasseur, une Gilets jaunes qui avait eu l’outrecuidance de se rêver porte-parole, bousculée insultée; puis traitée de sale pute… la haine misogyne, la haine antisémite, la même….

Bien sûr les paroles sont confuses comme ceux qui les profèrent; du vert, du noir, du rouge et beaucoup de brun, ils peuvent traiter une “goy” de “sale juive” et leur antisionisme un peu bancal suggère à un Juif, oh combien français, de “rentrer” à Tel Aviv…

Mais cette confusion et cette bouillie idéologique sont aussi une des signatures de l’antisémitisme et du fascisme des adeptes de Soral et Dieudonné.

Le virilisme esthétique d’une posture rebelle qui fut aussi celle des jeunesses hitlériennes, le remplacement assumé de l’émancipation par l’affranchissement est leur marque de fabrique. L’antisémitisme est ce tabou suprême qu’on se plait à dynamiter.
On se lâche et on jubile de ce lâchage. Tellement en phase avec l’air du temps.

L’antisémitisme représente un forfait illimité, un “all included” du déchainement, une jouissance de la destructivité. Plus qu’un synonyme, il est l’un des noms propres de la haine. Et pour eux: un programme.

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A nos amis dégagez !

https://www.lignes-de-cretes.org/a-nos-amis-degagez/

A nos amis, dégagez!

in Chroniques du déni by &

Il paraît qu’on ne choisit pas sa famille, mais ses amis, oui. Pourtant, certains d’entre eux, nous ne les avons pas choisis. Ils sont arrivés dans nos vies politiques, comme arrivent les vautours dans les moments de deuil, de doute, de déroute, de désespoir, avec leur fausse compassion et leurs remèdes empoisonnés.

Ils sont nombreux des deux côtés. Ils nous aiment parfois passionnément et peu importe que cet amour nous sacrifie sur l’autel de leurs tristes passions. C’est qu’à travers nous, ils se détestent un peu moins…

Depuis longtemps déjà, il y a les amis des Arabes, ceux qui les imaginent sur un âne dans le désert, aussi démunis que violents et sanguins. Ceux-là, depuis longtemps, leur offrent leur propre frustration en guise de solidarité et leur haine des Juifs en gage de loyauté. Ceux-là se mobilisent pour les Palestiniens mais le sujet de leur passion semble être Israël et les Juifs. Que des Palestiniens meurent de faim dans les camps syriens, que le monde arabe se soulève, qu’il aspire à la liberté et il n’y a plus personne pour répondre présent. On aime les Arabes en hiver pas au printemps…

Et puis il y a les nouveaux amis des Juifs, fervents soutiens de ce qu’il y a de pire en Israël, évangéliques allumés et autres défenseurs de la « civilisation occidentale ». Quand ce ne sont pas les nouveaux amis de Netanyahu; Orban, Bolsonaro, Trump pour qui le nom d’Israël est devenu synonyme et alibi de leur croisade barbare. En France, quelques intellos ont finalement trouvé dans leur haine de l’Islam et des Arabes, une façon commode d’affirmer leur solidarité avec les victimes du « nouvel antisémitisme ».

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La révolte n’est pas le ressentiment

La révolte n’est pas le ressentiment

 

On ne pourra jamais réduire la colère de milliers de personnes à un mouvement ou à un mot. La complexité, les contradictions, la richesse des êtres humains est toujours plus grande qu’une définition politique. La plupart des revendications des Gilets Jaunes sont légitimes et on ne peut se détourner d’une cause en raison de ses écarts, Gramsci y dénonçait, « l’expression d’une passivité ».

Mais il existe une ligne jaune ou rouge que l’on ne saurait franchir sans se perdre.

Et dès le début de ce mouvement, il y eut l’inacceptable.

Le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie ont été présents d’emblée. Et loin de considérer cela comme des débordements rédhibitoires pour certains ou inévitables et marginaux pour d’autres, il me semble que l’on devrait interroger ce qui les a rendus possibles.

Le discours authentiquement populiste fort d’une « légitimité populaire » opposée aux « élites », la méfiance envers toutes les institutions, y compris la presse et les syndicats, le rejet du Politique révèlent la haine de la démocratie. Lire la suite

Pittsburgh, Brésil, la constellation de la haine

 

De Pittsburgh jusqu’au Brésil, la marée noire de la haine s’étend

Les victoires de l’extrême droite dessinent un monde où l’Autre n’a plus sa place. Et où il n’y a presque plus de place dans le monde.

Une marche réunissant plusieurs milliers de personnes dans Pittsburgh a été organisée en hommage aux victimes qui ont perdu la vie dans la fusillade de la synagogue L'Arbre de vie.

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Une marche réunissant plusieurs milliers de personnes dans Pittsburgh a été organisée en hommage aux victimes qui ont perdu la vie dans la fusillade de la synagogue L’Arbre de vie.

« Partout partout, oui ça avance », Rachid Taha

La carte du monde devient plus sombre à chaque nouvelle élection. Dimanche 28 octobre, le Brésil est tombé. Avec Bolsonaro au pouvoir et Trump à la présidence des USA, c’est presque un continent qui prend l’eau.

Les déclarations provocatrices du nouveau président du Brésil, ses références ne laissaient guère de doutes sur le personnage. Pourtant beaucoup ont affirmé qu’il ne fallait pas croire tout ce qu’on disait de lui. Que ce vote serait celui d’un « petit peuple authentique » qu’on aurait tort de mépriser, qu’il y aurait une vérité dans cette réalité-là… « On ne nous dit pas tout » répète l’humoriste Anne Roumanov mimant les propos acides du café du commerce masqués derrière le bon sens populaire. « On ne nous dit pas tout et ce qu’on nous dit n’est pas toujours vrai », terrible petite musique populiste, signe d’une époque propice au complotisme et au soupçon en guise d’horizon.

Car la vérité aujourd’hui est en solde et en liquidation, on l’achète et on la jette comme le reste. Les sources d’information des grands médias ne sont pas jugées plus fiables que les états d’âme des amis Facebook… De grands groupes industriels brésiliens l’ont bien compris, arrosant les réseaux sociaux de « fake news » pour soutenir Bolsonaro. Quant à l’église évangélique, si régulièrement oubliée, elle poursuit patiemment son œuvre.

Sur cette méfiance généralisée, sur la haine de la démocratie, fleurissent un peu partout des affairistes, des démagogues se posant comme défenseurs d’une « identité nationale » menacée. Ceux qui gagnent sont ceux qui portent le plus haut ce discours en guise de programme, leur parole ne se soutient que de la destruction des autres paroles.

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Déboussolés

DÉBOUSSOLÉS

Mardi 2 octobre 2018 par Brigitte Stora, Journaliste et documentariste
Publié dans Regards n°1030

On dit que la boussole indique le Nord, mais tout dépend finalement de la manière de la tenir, car pour ne pas perdre le Nord, il faut qu’il y ait un Sud. De même qu’il nous faut garder notre Orient au risque d’être totalement désorientés…

Il faut aussi sans doute se méfier des sens uniques et obligatoires. « Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît. Tu risquerais de ne pas t’égarer », prévenait Rabbi Nahman de Bratslav. On peut toujours avec lui préférer les chemins écartés… Car la seule boussole qui puisse nous empêcher de nous perdre, ce sont nos valeurs.
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Une tribune immonde

 

 Une Tribune immonde

 Un article odieux est paru sur Tribune juive. Son titre : 

 « Entre nous, qui pense vraiment que ces migrants sauvages franchissant les frontières (Ceuta, Espagne) vont devenir des bons Européens ? » *

Probablement encouragée par les propos toujours plus ostracisants sur les réfugiés, l’immigration, l’islam etc. d’une certaine presse communautaire, l’auteure s’est senti pousser des ailes au point de larguer définitivement les amarres. 

Le mot « sauvage », rescapé de la prose colonialiste et raciste, revient sans vergogne. 

Ainsi les réfugiés seraient des « sauvages qui se sont déjà rendus coupables d’actes de barbarie, de prises d’assaut, de franchissement illégal de frontières, prêts à tout, même à tuer, attaques au couteau, agressions gratuites, assassinats, crimes terroristes… »

La menace d’un coup d’Etat fasciste y est à peine voilée :  

 « Aucun des partis actuels ne semblant capable d’appliquer une telle politique, ni même de l’envisager, il y aura donc inéluctablement l’apparition de mouvements, peut-être déjà en gestation, qui surgiront et répondront aux attentes des Français. Et qui ne passeront peut-être pas par des voies entièrement démocratiques. »

 Cette prose nauséabonde nous rappelle celle des annnées 30. «

« Sommes-nous le dépotoir du monde ? Par toutes nos routes d’accès coule sur nos terres une tourbe de plus en plus grouillante, de plus en plus fétide. C’est l’immense flot de la crasse napolitaine, de la guenille levantine, des tristes puanteurs slaves, de l’affreuse misère andalouse, de la semence d’Abraham et du bitume de Judée, …Doctrinaires crépus, conspirateurs furtifs, régicides au teint verdâtre, pollacks mités, gratin de ghettos, contrebandiers d’armes, pistoleros en détresse, espions, usuriers, gangsters, marchands de femmes et de cocaïne… ceux-là ne cessent d’insulter à notre patriotisme » écrivait Henri Béraud dans Gringoire en août 1936.

Depuis toujours le fascisme a dénoncé dans des termes orduriers, l’« invasion » des immigrés, des Juifs et autres métèques. Le style aussi est une signature, ce fameux « entre nous » aux relents céliniens qui annonce la connivence complice, requiert la meute et en appelle à la chasse. Un « Entre nous » qui signe une sortie de la clandestinité d’une pensée honteuse vers l’affranchissement d’une parole raciste. Un peu comme les propos de Le Pen qui se vantait de dire « tout haut ce que tout le monde pense tout bas ». 

Rien n’a changé, à part la stupeur de constater que cette terrible prose a pu trouver asile dans un hebdomadaire nommé « Tribune juive ». 

Cet « entre nous » assassin n’est pas le nôtre. 

Un « entre nous » sans nous 

Voilà des mois et des années que l’on assiste à une contamination sans précédent de thèses et des valeurs d’extrême droite au sein de ce qu’on appelle la « communauté juive ». 

L’alibi de la « lutte contre l’antisémitisme » tout comme la défense des droits des femmes, la dignité des homosexuels, voire la laicité semblent avoir vaincu les réticences de beaucoup. Il s’agit pourtant d’autant de chapardages décomplexés d’une famille politique dont toute l’histoire, tant ancienne que récente dément pareilles prétentions.

Nous sommes nombreux à vivre dans la douleur et le désarroi cette descente aux abimes. La misanthropie voire le racisme affichés d’une certaine presse et d’ « intellectuels communautaires », tout cela dans le silence bienveillant d’institutions qui entendent parler en notre nom, est révoltante. Comme nous révolte l’amitié affichée entre Trump, Nethanayu et Viktor Orban ou encore la défense belliqueuse et inconditionnelle de la politique du gouvernement israélien que nous sommes nombreux à réprouver. 

L’auteure de cet article abject ne mérite sans doute pas de sortir de l’anonymat, pas plus que le confidentiel « Tribune juive » qui désormais ne devrait plus servir à autre chose qu’à emballer le poisson. 

 Toutefois la parution dans un journal juif d’une telle obscénité ne peut pas nous laisser indifférents. 

Il a fallu bien des dérives pour en arriver à un tel naufrage.  

Le repli communautaire encouragé par les réseaux sociaux et son « entre soi » toujours mortifère les a permises ; paroles essentialisantes, déshumanisation de l’Autre, affranchissement des « tabous », partage sans vergogne de sites et de thèses d’extrême droite. 

Le racisme et l’extrême droite, c’est un peu comme l’antisémitisme quand on n’est plus capable de les reconnaitre, c’est qu’ils sont bien installés.  

 Que l’on soit né sur ses rives ou pas, comment ne pas pleurer en pensant que la méditerranée est devenue un grand cimetière ? Face aux Aquarius errants et aux naufrages en mer, comment ne pas penser à l’Exodus, à
« Welcome in Vienna »,
à ce monde qui se ferme comme il s’est fermé jadis, à nos aïeux dont beaucoup furent eux aussi des « sans papiers ». 

 « Je suis juif, parce qu’en tous lieux où pleure une souffrance, le juif pleure. Je suis juif parce qu’en tous temps où crie une désespérance, le juif espère. » fut la définition de Edmond Fleg en 1928, dans Pourquoi je suis juif. 

Longtemps, cet humanisme a fait notre fierté, il était notre fidélité à nos anciens en même temps que la condition de la transmission. 

 Car de quelles valeurs pourront se réclamer les nouvelles générations si nous restons silencieux face à ce flot de haine, face à un tel naufrage ? 

Moins mortel que celui des hommes, des femmes et des enfants qui chaque jour se noient en mediterranée, (3200 d’entre eux ont péri l’an dernier), ce naufrage risque bel et bien d’en finir avec l’humanisme juif et son désir de justice qui pendant des siècles d’épreuves et d’hostilité avait pourtant résisté. 

Même après la Shoah, les Juifs n’avaient pas sombré dans la haine des Autres. Longtemps, le malheur juif servait de repère intime, de boussole face au malheur du monde. L’injustice et l’oppression subies par d’autres étaient autant de convocations à la solidarité. Comme si les Juifs ayant vécu l’abandon du monde ne pouvaient pas à leur tour reconduire cet abandon. Lutter contre l’antisémitisme, n’est-ce pas aussi aussi préserver, malgré lui et contre lui, des valeurs et une éthique qui nous ont maintenu vivants. L’abdication de ces valeurs n’est-elle pas une des plus belles victoires de l’antisémitisme ?

Si les lois du Sinaï ont été brisées par les nouveaux idolâtres du Grand Remplacement, il existe les lois de notre république et celles de la déclaration universelle des droits de l’homme, tout aussi sacrées . « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

Les propos racistes méritent le tribunal, quant aux auteurs et relais de cette pensée mortifère, qu’ils ne parlent plus en notre nom. Ce nom qu’ils salissent et trahissent à longueur de tribunes haineuses et racistes et d’alliances contre nature. Car ce nom est aussi le nôtre, celui qui n’a pas oublié l’injonction biblique à se souvenir de l’exil et qui continue d’écouter cette parole : « Tu aimeras l’étranger comme toi-même, car tu as été étranger en terre d’Egypte ».

Que ces fossoyeurs fassent donc silence. Car ils ne devraient plus pouvoir compter sur le nôtre.

Brigitte Stora

 http://www.tribunejuive.info/international/entre-nous-qui-pense-vraiment-personne

Combattre l’antisémitisme, défendre nos valeurs

https://www.facebook.com/combattreantisemitisme/

Le 21 avril dernier, une tribune signée par 250 personnalités a été publiée dans le Parisien.

http://www.leparisien.fr/societe/manifeste-contre-le-nouvel-antisemitisme-21-04-2018-7676787.php

On me l’avait soumis mais la petite musique identitaire m’a tout simplement assourdie. Sur Facebook, je publiais cette mise au point avant de décider de me joindre à un autre appel.

« Pourquoi je n’ai pas signé.

Il est plus que temps de parler de l’antisémitisme. La plupart des signataires sont respectables et l’ont fait de bonne foi. Toutefois j’ai refusé d’apposer mon nom à un texte qui parle aussi légèrement d’ « épuration ethnique ». Ce texte m’a gênée tant il me semble reconduire une petite musique identitaire …Autant  ne pas parler de l’antisémitisme musulman me semble relever d’une coupable complaisance dont les juifs ont largement fait les frais. Mais ne parler que de lui c’est prendre le risque d’une essentialisation dangereuse. L’injonction faite aux « musulmans » à modifier leur Coran me parait à tout le moins d’une étrange et confondante « naïveté »…En outre cela risque de « blanchir » l’antisémitisme qui ne se réclame pas de l’islamisme. 

Il est tout de même étonnant que les principaux vecteurs de l’antisémitisme en France (Soral et Dieudonné) ne soient même pas mentionnés. Ni eux, ni Orban ni l’extrême droite antisémite qui partout en Europe relèvent la tête… ne correspondent à ce concept de « nouvel antisémitisme » dont on peut d’ailleurs interroger la pertinence…   

1) La lutte contre l’antisémitisme ne se réduit pas (dans tous le sens du terme) avec la lutte nécessaire contre l’islamisme 

2) La lutte contre l’islamisme ne peut se faire sur la base d’une croisade de l’occident chrétien. Au contraire les deux se renforcent ! Toute ambiguïté  affaiblit le nécessaire combat unitaire et démocratique.

En hébreu comme en latin  le bien dire se dit bénédiction, le mal dire « malédiction »

Il y a bien des noms que je respecte, d’autres aux côtés desquels je ne me tiendrai jamais.