Vassili Grossman

https://www.franceinter.fr/emissions/autant-en-emporte-l-histoire/autant-en-emporte-l-histoire-19-janvier-2020

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ma pièce radiophonique sur france Inter

1961. L’arrestation de Vie et destin, le chef-d’oeuvre de Vassili Grossman, une fiction de Brigitte Stora, réalisée par Pascal Deux.

Pour évoquer « Vie et Destin », de Vassili Grossman, roman marquant de la littérature du XXe siècle, voici la fiction de Brigitte Stora, réalisée par Pascal Deux. Pour commenter cette singulière histoire, l’invitée de Stéphanie Duncan est Luba Jurgenson, écrivaine, traductrice et professeur de littérature russe.

Monument aux héros de la Bataille de Stalingrad, ville qui est un personnage central du roman de Vassili Grossman, "Vie et Destin"
Monument aux héros de la Bataille de Stalingrad, ville qui est un personnage central du roman de Vassili Grossman, « Vie et Destin » © Getty / David Turnley / Corbis Historical

Moscou, 15 février 1961 ; cinq hommes du KGB, la police politique de l’URSS, débarquent au domicile de l’écrivain Vassili Grossman, avec un ordre d’arrestation. Pour arrêter qui ? Grossman ?

Non, nous ne sommes plus dans les années trente, à l’époque des grandes purges staliniennes, où un écrivain ou quiconque pouvait, au saut du lit, être arrêté et, sans savoir pourquoi, être fusillé ou relégué pour dix années au Goulag…

Ce jour-là, ce n’est pas Grossman que le KGB vient arrêter, mais son roman, Vie et Destin.  

Ce manuscrit, décrété « sale diffamation du système social et étatique soviétique » sera cadenassé à la sinistre Loubianka, la prison du KGB. Si son auteur, Vassili Grossman, est libre, il ne survivra que comme un père dont on a enlevé l’enfant.

Mais qu’est-ce que ce livre pouvait-il bien renfermer ? Quelles formules maléfiques, quels terribles secrets d’État, pour qu’il menace ainsi, dans ses fondements, la puissante URSS ?

Il faudra attendre 1988 pour que Vie et Destin puisse être enfin publié en Russie, juste avant la chute du régime soviétique.

ma fiction sur Manouchian et l’affiche rouge

https://www.franceinter.fr/emissions/autant-en-emporte-l-histoire/autant-en-emporte-l-histoire-13-mai-2018

Ils s’appelaient Witchitz, Rayman, Alfonso, Manouchian, Wajbrot… Des noms et des visages qu’en février 1944, les Français découvrirent sur la célèbre Affiche rouge, placardée par les nazis pour effrayer la population…

Détail d'une reproduction de "L'affiche rouge" placardée par la propagande allemande. Elle présentait les portraits de dix résistants
Détail d’une reproduction de « L’affiche rouge » placardée par la propagande allemande. Elle présentait les portraits de dix résistants © AFP / AFP

Ces condamnés à mort étaient jeunes, souvent très jeunes… Étrangers pour la plupart… Fuyant les persécutions antijuives et le fascisme, ils étaient arrivés en France, pleins d’espoir en la patrie des droits de l’homme… Mais quand en 1940, elle a été envahie par les nazis, et l’URSS à son tour l’année suivante, ces jeunes communistes n’ont pas hésité à prendre les armes.

Sabotages, déraillements de trains, exécutions de militaires nazis… D’une audace folle, ces résistants des FTP-MOI (la main d’œuvre immigrée) commettent en 1943, en région parisienne, pas moins de 92 attentats en l’espace de six mois… Une provocation insupportable pour les polices françaises et allemandes qui en novembre finiront par les arrêter et les faire condamner à mort.

Les noms de ces héros, morts pour la France, ont longtemps été oubliés, voire occultés. C’est à travers les yeux du chef de ce réseau que je vais raconter leur histoire : Missak Manouchian, poète et résistant.

L’invitée

Notre invitée est Annette Wieviorka, historienne, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de l’histoire des Juifs au XXe siècle, auteur du livre, Ils étaient juifs, résistants, communistes, à paraître le 23 août prochain aux éditions Perrin (édition remaniée).

La fiction

Missak Manouchian, au nom des autres, une fiction de Brigitte Stora, réalisée par Michel Sidoroff.

 

 

l’envie de Johnny

http://www.huffingtonpost.fr/brigitte-stora/l-envie-de-johnny_a_23307081/

 

 

PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS
L’envie de Johnny
 Adieu donc mon Johnny, la terre que tu habitais se moquait des souches et des racines, qu’elle te soit légère.

On peut se déhancher avec Johnny et communier avec Ferré. On peut aimer Levinas et MC Solaar, on peut être plusieurs, multiple et contradictoire bref on a le droit d’aimer la vie.

Johnny Hallyday, je l’aimais depuis toujours, follement autant que secrètement et comme des millions d’autres, je viens de perdre un proche. On ne décrit pas l’amour, on se contente de le vivre.

 

 Johnny parlait peu, ses fans ont peu écrit. Beaucoup de gens, ces derniers temps, ont ressenti ce sentiment étrangement familier de l’avoir toujours connu, avec toutes ses chansons qui depuis plus de cinquante ans nous ont accompagnés. Beaucoup ont dû hésiter entre le regret de ne l’avoir pas aimé à hauteur de son talent et le rejet hautain de cette « idolâtrie » dans laquelle ils n’ont jamais versé.
Il y a souvent quelque chose de commun chez ceux qui n’aiment pas Johnny, quelque chose qui n’a rien de Tennesse: ce sont des peine à jouir qui ont le mépris de classe affiché, la satisfaction aigrie de ceux qui tiennent leur vengeance quand le talent et la beauté se paient d’un peu d’ignardise. A droite comme à gauche, ils se ressemblent. Du côté des amoureux de Johnny, il y a d’autres choses en commun; ce sont les prolos qui aiment l’Amérique, ceux qui ne confondent pas l' »anti-impérialisme » avec la jalousie envers Fred Astaire, ceux qui trouvent sympa qu’un des leurs se paie une belle bagnole, quitte à flamber toutes ses économies. Parce que la vie est courte et fragile et qu’elle ne vaut que si l’on garde en soi une part de ses rêves d’enfant. Du côté de Johnny, de Memphis, de Springsteen ou de Jimi Hendrix, on ne s’économise pas, on aime la frime, la fête et la démesure. Ce sont des humbles sans haine qui rêvent de lumière et qui se satisfont quand de la poussière d’étoile vient éclairer un peu de leur quotidien. Johnny était leur étoile. Notre étoile.

Johnny, c’était un petit Edith Piaf au masculin. C’était cette virilité fragile, le charme des loubards au cœur tendre, celui qui fait craquer les filles… C’était une générosité sans nom, des mots qu’il n’arrivait pas toujours à dire mais qu’il interprétait si bien. C’était l’enfance jamais guérie, cette si commune souffrance en partage. C’était ces concerts où il se donnait à fond, aussi fort dans une petite salle de province qu’à Bercy ou au stade France. Et quand d’une manière pudique, intime et maladroite, il nous disait : « Je vous aime », chacun d’entre nous le recevait en plein cœur comme une vraie déclaration. On a tous une histoire particulière, unique avec Johnny, de celles qu’on ne raconte pas toujours…

Pour moi, il fut mon tout premier amour. Sur le poster, il avait sa petite gueule d’ange, son béret de l’armée et une dédicace: « l’idole des Jeunes ». Il était agrafé au mur au dessus de mon lit à barreaux, chaque soir, je l’escaladais dangereusement pour lui coller un bisou sur la bouche ! Aucune « transgression » n’a jamais eu depuis un goût aussi exquis…

Johnny, c’était le mépris face au racisme et à toute forme d’ostracisme, qu’il concerne les Noirs, les Juifs, les Roms ou les homos… Je me souviens de sa présence devant l’ambassade d’Israël en 67, à l’époque il ne s’agissait pas de défendre une politique belliqueuse mais d’empêcher qu’un petit pays aussi jeune que ses fans puisse un jour disparaître. Johnny et Sylvie ont appelé leur fils David, ce prénom de roi est sorti du ghetto, a retrouvé sa gloire passée. Et ça aussi, c’était un bien joli cadeau.

Johnny chantait l’amour mais aussi la dignité : « je voudrais que mon fils vive mieux que moi, qu’on le respecte mieux, qu’on le vouvoie, qu’il ait des papiers d’identité à perpétuité ». Il était de ces « mal nés » qui ont une revanche à prendre sur la vie. Une revanche, pas une vengeance.

Il nous a accompagnés toute notre vie, toutes nos vies. Alors je suis allée devant la madeleine, serrée au milieu de la foule des anonymes, de son public aimé. J’ai mis une robe de cuir rouge pour l’occasion, (comme un fuseau, chantait Léo) mais là c’était d’abord pour Johnny.

Là flottait dans l’air, cette bonté à faire pâlir de honte nos pauvres commentateurs qui n’ont plus que la rancœur à s’offrir en partage.

Des sourires, des chansons que nous avons reprises, des larmes parfois. Mais surtout cette conviction tranquille de dire adieu à un proche, qui nous rendait complices. Personne pour vous refuser son feu ni s’indigner que votre fumée lui pompe un peu de son air, ici on savait que l’air et le ciel appartiennent à tous et que la véritable injustice, la laideur suprême, c’est de croire le contraire.

« Pas de métèques » a entonné le chœur des aigris qui n’étaient pas là, dieu merci, mais qui l’ont « vu à la télé ».

Nul doute que les jaloux et les mesquins disparaitront plus vite que Johnny…

Pas de « non-souchiens »? Selon la sinistre expression, désormais partagée, des identitaires obsédés. C’est à voir… Bien sûr, la génération yéyé en comptait moins qu’aujourd’hui. Pourtant dans les années soixante, les Noirs et les Maghrébins étaient là déjà et ils aimaient la musique… Ils ne bénéficiaient alors d’aucune reconnaissance spécifique, de celle qui aujourd’hui semble s’acquérir à coup d’exotisme. A la Madeleine, beaucoup étaient là aussi, méconnaissables aux yeux des identitaires bien nés qui ne les reconnaissent qu’affublés de foulard ou de casquette à l’envers. Pour mieux les aimer ou mieux les haïr.

Dans les années soixante, ces tristes expressions auraient fait rire ceux qui rêvaient d’Amérique, de ces « mains noires qui donnaient le jour au blues », ceux qui dans la musique et dans leur vie se cherchaient passionnément des métissages heureux.

En 1963, j’ai vu Johnny en concert à la Nation. Souvenir magique, vue imprenable parce que juchée sur les épaules de mon père…

Mes parents, n’étaient pas des « souchiens » mais des Juifs d’Algérie débarqués à peine un an plus tôt. On l’a un peu oublié mais le rêve des yéyés ratissait large, il offrait un monde à ceux qui n’en avaient pas.

Adieu donc mon Johnny, la terre que tu habitais se moquait des souches et des racines, qu’elle te soit légère.

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uN JOLI RAPPEL DANS LE JOURNAL REGARDS

http://www.cclj.be/actu/politique-societe/role-determinant-resistants-juifs-dans-debarquement-allie-en-algerie-8-novembre-1942

 

 

LE RÔLE DÉTERMINANT DES RÉSISTANTS JUIFS DANS LE DÉBARQUEMENT ALLIÉ EN ALGÉRIE LE 8 NOVEMBRE 1942

Dimanche 9 juillet 2017 par Nicolas Zomersztajn

Dans 1942, l’Opération Torch*, un docu-fiction diffusé sur France Inter, Brigitte Stora revient sur le rôle déterminant et méconnu d’une poignée de jeunes résistants juifs d’Algérie dans la réussite du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en novembre 1942.

 

Opération Torch, mon hommage radiophonique aux résistants d’Alger qui ont permis le débarquement allié

https://www.franceinter.fr/emissions/autant-en-emporte-l-histoire/autant-en-emporte-l-histoire-16-avril-2017

Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, les Anglo-Américains débarquent à Alger.  400 jeunes hommes armés de vieux fusils ont réussi à s’emparer des points stratégiques de la ville, à tenir en respect plus de 12 000 soldats de Vichy et ainsi, à ouvrir la voie aux libérateurs. Ils s’appelaient José Aboulker, Jacques Zermati, Jean Daniel, Bernard Karsenty… Juifs pour la plupart, ils avaient 20 ans, tous bien décidés à en finir avec Pétain et Hitler. Ma fiction pour l’émission « Autant en emporte l’Histoire » du 16 avril 2017. Lire la suite

Moissac, une ville de Justes

Mon doc sur France Culture

https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-du-pantheon-24

Esplanade des Justes sur les bords du Tarn
Esplanade des Justes sur les bords du Tarn Crédits : Véronique Samouiloff – Radio France
La maison des enfants
La maison des enfants Crédits : Véronique Samouiloff – Radio France

Moissac, ville de Justes

Histoire d’un sauvetage pas comme les autres

A la colonie sur le quai des Juifs : « y avait ben d’la gaité » Un ancien de Moissac

Un documentaire de Brigitte Stora et Véronique Samouiloff

De 1939 à la fin de la guerre, Moissac, une petite ville du Sud Ouest de la France, (9 000 habitants) a abrité une maison d’enfants juifs. 500 enfants venus de tous les coins d’Europe y ont été recueillis. Tous ont échappé à la déportation. Grâce au courage de Shatta et Bouli Simon, un jeune couple membre des éclaireurs israélites de France qui la dirigeaient et surtout grâce à la complicité de toute la ville, cette maison située sur les bords du Tarn a échappé à la barbarie nazie. C’est le maire de l’époque, Roger Delthil qui avait mis à leur disposition cette maison, il avait donné le ton en demandant à toute la population d’accueillir les refugiés. Les enfants allaient à l’école communale avec les enfants moissagais, jouaient dehors, nageaient dans le Tarn, pratiquaient leur religion. Et ce au vu et au su de toute une ville. Et quand en 1943 la zone libre ne l’a plus été, les enfants ont tous été cachés dans des failles alentour. Certains bien sûr à Moissac ont été reconnus « Justes parmi les nations »*. Mais le plus extraordinaire reste la complicité silencieuse et bienveillante de toute une ville. L’ensemble de la municipalité, les habitants, les professeurs, les paysans, tous ont participé au sauvetage de ces enfants. Cette histoire exemplaire et porteuse d’espoir permet aussi un éclairage sur l’attitude de nombreux Français, résistants et justes anonymes.

*Les « Justes parmi les Nations » de Moissac

Quatre Moissagais reconnus « Justes parmi les Nations » :

Manuel Darrac : secrétaire de mairie. Il a été l’artisan d’un véritable atelier de fabrication de fausses cartes pour les enfants de la maison.

Alice Pelous : elle était l’assistante de Manuel Darrac à la mairie. Elle fabriquait avec lui de fausses cartes d’alimentation et d’identité pour les enfants de la maison.

Jean Gainard : il était charbonnier à Moissac. Il a caché des enfants et donné son identité à certains responsables de la maison.

Henriette Ducom : elle a donné son identité à Elisabeth Hirsch, lui permettant ainsi de faire sortir de nombreux enfants des camps de Gurs et de Rivesaltes.

Plaque commémorative sur la place Bouli et Shatta Simon
Plaque commémorative sur la place Bouli et Shatta Simon Crédits : Véronique Samouiloff – Radio France
Médaillons commémoratifs sur la place Bouli et Shatta Simon
Médaillons commémoratifs sur la place Bouli et Shatta Simon Crédits : Véronique Samouiloff – Radio France

 

Juifs d’Algérie engagés dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie

« Oubliés de l’Histoire »

Mon documentaire de 2011 dans la cadre de la fabrique de l’Histoire d’Emmanuel Laurentin.

 

Un documentaire de Brigitte Stora, réalisé par Anne Fleury.

En Algérie, pendant la guerre de libération nationale, des Juifs algériens se sont rangés aux côtés du FLN.

Ces enfants du pays se battaient pour une Algérie pluriculturelle et démocratique, débarrassée du joug colonial et de l’assignation à résidence communautaire, d’une « Algérie heureuse ». Quelles que soient leurs origines, ils étaient nombreux alors à partager cet espoir.

L’Algérie indépendante ne sera pas celle pour laquelle ils avaient lutté. Peu à peu ils devront quitter et leurs espoirs et leurs pays.

Ces destins orphelins n’appartiendront jamais à aucune Histoire officielle. Brigitte Stora a recueilli leurs témoignages, notre émission ambitionne modestement de réparer un peu l’outrage de l’oubli.

https://www.youtube.com/watch?v=HNfqnyFw3GM